Partageons un peu de nous! 

Vendredi 13

Cette année, il y a trois vendredi 13. Nous avons remarqué que nos élèves ne savaient pas ce que sont des superstitions. Nous avons décidé de faire une mini thématique pour le mois de septembre. NOUS AVONS ADORÉ et les élèves aussi! ;) Je vous explique ça en vidéos ici: 

 

Voici une petite idée en photo

Les documents utilisés sont: 

- Vendredi 13 : Document de prof en ligne

- Vendredi 13: Lecture de Mme Elisabeth

- Vendredi 13: Feuille d'activité de nous-mêmes

 

 

Joyeux vendredi 13 et nous souhaitons que vos élèves aient autant de plaisir que les nôtres! 

... Et vous aussi! 

Rétrospection de la dernière année scolaire

L’été dernier, j’ai découvert l’univers Instagram. J’y ai découvert un monde rempli de possibilités pour ma future classe. J’ai toujours eu un désir profond de mettre les cahiers de côté et d’offrir une classe motivante pour les élèves. Je venais d’ouvrir une boite de pandore. J’ai scrollé et j’ai scrollé. Je m’endormais le soir avec mille et un projets à mettre en place. Bon, c’était un peu utopique de tout changer, tout en même temps, mais je suis quand même très fière de ce que j’ai accompli dans la dernière année :

 

  • Enseignement 100% sans cahier
  • Mise en place du travail par ateliers
  • Travail beaucoup plus collaboratif
  • Enseignement par projet
  • Participer à un projet d’école en réseau
  • Participer à Expo-Sciences Autochtone
  • Participer à la finale Expo-Sciences Tshakapesh
  • Participer au projet Histoire de saumon
  • Activité interscolaire avec une classe de sixième année du centre de services
  • Faire des journées thématiques
  • Ajouter du contenu culturel dans mes enseignements

 

Était-ce parfait? Loin de là! Ce qui est certain, c’est que j’ai trippé! J’ai adoré mon année et je crois que les élèves aussi. Cette année, je vais renouveler l’expérience en m’ajustant et en m’approchant de plus en plus de mes aspirations. Je souhaite également trouver du temps afin de partager un peu plus notre quotidien. 

 

- Vanessa

Minashkuat

Au début de l’année, nous sommes en réunion pour les options. Je tiens à mentionner que les options ne font pas l’unanimité dans notre équipe-cycle. Personnellement, c’est un irritant important. Bref, nous sommes en réunion… Pendant que je suis découragée de ma vie d’enseignante à ce moment-là, il y a ma collègue, ma complice, ma douce-moitié qui me chuchote à l’oreille : « Je sais ce que je veux faire, tu devrais embarquer avec moi! » Et elle me raconte son projet comme s’il s’agissait de la huitième merveille du monde.

Petit aparté… Cindy est un phénomène en soi. Elle est capable de transformer un tsunami en évènement positif! La côtoyer tous les jours me fait un bien immense et ça rend ma vie meilleure. Par exemple, aujourd’hui, je l’ai entendu appeler son élève de 5e année « mon petit oisillon » avec toutes les étoiles dans ses yeux et toute la douceur du monde. J’adore cet être humain!

Donc, Cindy se met à m’expliquer que nous allons apporter des élèves un peu partout sur la communauté. Elle me décrit un projet qui consiste à visiter des bâtisses afin que les jeunes puissent connaître leur milieu. Son enthousiasme débordant et la confiance qui émanait d’elle ont fait en sorte que je n’ai pas eu d’autres choix que de la suivre. C’était le point de départ pour notre projet.

La fin de semaine qui a suivi, nous sommes allées faire une promenade dans un sentier pédestre avec nos garçons. La révélation! Et si, nous allions visiter la nature qui nous entoure? On se met à s’éparpiller un peu avant de se fixer. Elle me raconte son projet d’herbier qu’elle a fait à l’université avec passion. Un herbier? Est-ce que les jeunes en sont encore là avec toutes les technologies? Sont-ils intéressés? Comme nous voulons valoriser la culture dans notre quotidien, nous nous sommes lancées! Nos ancêtres connaissaient le minashkuat par cœur. Je n’aurais même pas été capable de nommer 5 variétés d’arbres ou de plantes dans notre trajet.

 

Rapidement, on fait notre planification. Deux sorties à l’horaire! Une à 3 minutes de marche de l’école et l’autre en autobus. Nous avons fait des cocardes pour identifier nos herboristes en herbe! On leur a vendu le projet comme l’idée du siècle et… ils ont accroché!

Ils ont amassé des feuilles (après un petit cours de respect de la nature), des fleurs. Nous avons eu beaucoup de plaisir avec eux. C’était un réel plaisir de voir leur curiosité envers l’environnement. Ils se sont appliqués pour coller leur cueillette. Ils étaient heureux de connaître le nom de leur spécimen. Quel moment!


Nous sommes allées en sortie pour aller voir les plantes médicinales. Un sentier extraordinaire où chaque espèce est identifiée. Nous pensions seulement y faire un tour puisque la première cueillette était suffisante. Nous sommes restées surprises de voir l’engouement au niveau des élèves. Ils prenaient le temps de s’instruire sur les végétaux. Le sentiment du devoir accompli régnait dans nos cœurs d’enseignantes. Au retour de l’école, nous nous sommes rendu compte que les élèves avaient assimilé beaucoup d’informations. Quelle fierté!

 

Le cours d’après, nous avions une partie recherche à faire dans le but de présenter nos découvertes. En dyade, les élèves devaient choisir 3 spécimens et trouver les informations suivantes :

  • Nom du végétal
  • Nom scientifique
  • Famille
  • 3 caractéristiques
  • Son utilité

Chaque équipe a fait preuve de rigueur dans leur recherche. Ils étaient fiers de partager leurs nouvelles connaissances. Nous avons nous-mêmes appris de nouveaux termes.

Les étapes à venir :

  • Confection d’affiches
  • Présentation

 

Bref, parfois, un gros irritant peut devenir une source de plaisir et d’accomplissement. Il suffit de trouver le bon angle! Et dans mon cas… Un petit bonus : une collègue qui voit chaque moment de la vie comme une bénédiction.

 

- Vanessa

Le médaillon - un projet interscolaire

Projet interscolaire

Le médaillon

 

Étant métissée, j’ai longtemps eu un combat intérieur en ce qui concerne mes origines. Me sentant tantôt « blanche », tantôt « innue ». J’ai ma propre vérité à trouver et je dois me réconcilier avec qui je suis également. Pour moi, la journée nationale de la vérité et de la réconciliation se doit d’être symbolique. Elle mérite qu’on prenne le temps.  Prendre le temps de lire sur le passé. Prendre le temps de discuter du passé. Prendre le temps de se regarder, de comprendre, de se valoriser… Parce que, parfois, on a honte… Parce que, parfois, on a peur… Parce que, parfois, on oublie… S’il y a une chose que j’enseigne à mes élèves à cette période, c’est qu’ils ont le pouvoir de changer le monde. Ils ont le pouvoir de se lever et de se réapproprier ce qui leur a été enlevé. Leur langue. Leur culture. Leur histoire. Ou devrais-je dire notre langue, notre culture, notre histoire?

Bref, c’est une journée qui se transforme en semaine à l’école et, cette année, j’ai décidé d’ajouter à la symbolique. Un vrai geste de réconciliation entre les peuples. J’ai vu passer sur un groupe de 3e cycle que l’enseignante associée de mon stage 1 se cherchait un projet sur l’art autochtone pour bonifier sa semaine sur les Premières Nations. J’ai sauté sur l’occasion pour lui proposer un projet commun interscolaire.

Nous nous sommes rencontrées et je lui ai proposé de faire un médaillon qu’on pourrait offrir à l’autre. Pour ce faire, nous avons utilisé des cercles en bois provenant de chez Dollorama. Mon mari les a percés et je les ai peints en noir. Mon but était de les faire faire aux élèves, mais j’ai manqué de temps. Nous avons utilisé de la corde de cuir pour les nouer autour du cou. La peinture acrylique appliquée à l’aide d’une brochette de bois servait à imiter les perles utilisées sur les médaillons traditionnels.

Une collègue m’a dit que ça me prenait de la bannique pour mon activité. Ça représente le partage. Elle m’avait offert de le faire. Mais mon activité a été reportée et elle ne pouvait plus le faire pour le jour J. La veille, je me suis mise au fourneau! J’ai appris à faire la bannique dans notre shaputuan derrière l’école, mais… une petite sur un poêle à bois. Je me suis retrouvée à faire une recette à peu près dans la poêle pour commencer. Ça a été un échec! Le soir, j’en ai fait deux dans le four. La bannique, c’est blanc à l’intérieur. La mienne était dorée! J’ai également fait ma première confiture de graines rouges avec celles qu’on a cueillies lors de notre activité de la rentrée. Tout ça pour dire que je craignais de rater… Je craignais que ce ne soit pas exactement ça qu’il fallait faire… Je craignais de ne pas montrer la bonne culture… Mon sentiment d’imposteur et de combat intérieur a refait surface. Ouf! Je me suis gérée comme j’ai géré la situation. 

Le jour de l’activité, les élèves étaient fébriles. Et moi? On aurait dit que je me retrouvais une dizaine d’années derrière à ma première année de BAC. J’étais à la maison et je me répétais ce que j’allais dire aux élèves. J’avais le trac. J’en ai discuté avec les élèves. Je leur ai dit que c’était un évènement stressant pour moi. Je leur ai même dit : « Vous me direz si j’avais l’air en contrôle ou pas quand on reviendra! »

Arrivée à l’école avec mes élèves, j’étais tellement stressée que je n’ai pas tiré la porte. J’ai essayé de tourner la poignée qui définitivement ne se tourne pas. Il suffit de la tirer pour pouvoir entrer. Pas de sonnette. J’ai appelé la secrétaire pour qu’elle me dise que j’étais exactement à la bonne place et que je devais simplement tirer la porte. Ouf! Le petit chaperon rouge n'aurait pas été fier de moi! C’est tellement plus simple que de rentrer chez mère Grand.

Nous avons longé le corridor et nous avons été accueillis par l’enseignante et le directeur. Il est certain que mes élèves étaient très gênés de se retrouver dans un milieu qui n’est pas le leur et devant des inconnus. Nous les avons guidés et ils se sont assis. J’ai commencé par saluer tout le monde en innu. Kuei. Je leur ai expliqué la raison pour laquelle nous étions là. Je me suis présentée et j’ai présenté notre école avec des photos.

L’enseignante avait préparé une activité brise-glace. Chaque équipe avait un sac de Skittles. À tour de rôle, ils en pigeaient un et ils devaient dire quelque chose en lien avec eux selon la couleur. C’est à ce moment-là qu’on a vu un petit lien se créer. Ça nous a permis de préparer la peinture et le matériel. Ensuite, j’ai expliqué le projet. J’ai utilisé des mots innus. En fait, le peu de mots innus que je connaisse, je les ai utilisés! Les élèves se sont rapidement mis à la tâche. La plupart se sont vraiment bien appliqués afin d’offrir à l’autre un produit de qualité.

 

À la récréation, nous avions apporté un ballon de volleyball. Au début, mes élèves et moi avons commencé à jouer. Les élèves et l’autre enseignante se sont joints à nous. Je n’avais jamais vu un aussi gros cercle de volley! C’était magique. C’était un moment qui restera gravé dans ma mémoire pour le restant de ma carrière. Des enfants qui jouaient tout simplement.

Au retour de la récréation, c’était l’heure du partage de la bannique. C’était l’heure de terminer le projet aussi, mais si vous demandez aux élèves ils vous diront que c’était l’heure de partager la bannique. Ma bannique dorée qui m’angoissait tellement… Tellement pour rien! Elle a conquis le ventre des élèves qui en ont redemandé! J’ai pris deux élèves qui avaient terminé et nous sommes allés en offrir au directeur et à la secrétaire en les remerciant en innu. Tshinashkumitin.

En revenant dans la classe, il nous restait peu de temps pour mettre la corde de cuir, prendre les photos et offrir notre médaillon à l’autre. Cette journée-là, je suis entré dans cette école avec des sentiments de gêne, d’anxiété et de peur. Mais, cette journée-là, j’en suis sortie fière, accomplie et sereine. Mes élèves avaient adoré leur expérience. C’est tout ce qui comptait à ce moment-là. Ils m’ont dit que la bannique était très bonne et la confiture aussi. Ils m’ont dit qu’ils aimeraient revoir ces élèves qu’ils avaient trouvé si gentils.

En discutant avec eux, ils se sont rappelé qu’ils avaient adoré la bannique. Ils ont suggéré de les inviter à notre école pour leur enseigner à faire leur propre bannique. Quelle magnifique idée! Présentement, notre shaputuan est en construction, mais il est certain que nous lancerons l’invitation dès qu’il sera prêt.

N'est-ce pas là l’essence de cette journée nationale de la vérité et de la réconciliation? Être fière de sa langue et de sa culture? En être si fière que nous voulons la partager. Et de l’autre côté, être prêt à la recevoir et à faire preuve de curiosité. Cette journée-là, nous n’avons peut-être pas changé le monde, mais nous avons très certainement semé une graine. Semer une graine qui, je l’espère, fleurira dans le cœur de ces enfants.  

 

- Vanessa